Vous nous feriez pas un petit coup de fatigue ?
La fatigue des Français est une des tendances de fond de l’après crise du Covid. La CFDT et la Fondation Jean-Jaurès publient un rapport qui s’intitule “une société fatiguée ?”, fruit de la réunion à partir de novembre 2021, d’un comité d’experts en sciences sociales dont l’objectif est de faire un point sur les ressources dans ce domaine afin d’éclairer le débat public sur les conséquences de la crise liée à la pandémie de Covid-19. L’idée est de remettre les sciences sociales, parfois oubliées au profit des sciences dures, au cœur des politiques publiques.
Définition
Jérémie Pelletier, directeur des études de la Fondation Jean-Jaurès définit la fatigue comme «la charge mentale» qui correspond au sentiment de fatigue des individus….., de par leur rythme de vie, leurs conditions de travail, leur situation financière, leur place dans la société ou leur projection dans l’avenir.” Frédéric Worms, philosophe, parle de lassitude, de sentiment de fatigue devant “le vide”. Cette fatigue nous la voyons tous lorsqu’elle se concrétise en burn-out.
Voici très synthétisées, quelques-unes des réflexions du comité d’experts issues de cet essai qui résonnent avec notre angle d’analyse de la période actuelle chez Changers :
L’identification :
- 1. La prise en compte de notre fatigue comme conséquence de la crise permet de préparer les crises futures pour les surmonter.
- 2. Ne confondons pas fatigue physique avec “fatigue éthique” qui correspond à une crise de valeurs à laquelle une compensation financière ne change rien.
Les causes :
- 3. Notre fatigue est le révélateur du fossé qui sépare nos aspirations des modèles économiques et sociaux. De ce fait, elle nous échappe pour atteindre une dimension collective et devenir lien social, levier de revendication.
- 4. La fatigue est synonyme d’ancien modèle. Changeons de modèle, si nous voulons garder de l’énergie pour transformer le monde.
- 5. C’est l’individualisation croissante qui est à l’origine de la fatigue qui touche aujourd’hui tous les secteurs et toutes les catégories de travailleurs.
- 6. Nous sommes fatigués car le nouveau productivisme consiste à chasser les temps morts. Attention, nous n’avons plus le temps de nous questionner sur le monde que nous voulons.
- 7. C’est une perte du sens social du travail conjuguée à une perte de reconnaissance qui sont à l’origine de la fatigue sociale.
Les solutions :
- 8. Pour que la fatigue ne l’emporte pas, faisons coopérer individus et organisations dans la recherche de solutions.
- 9. Ne laissons pas s’installer la fatigue qui mène à l’impuissance: défatiguons- nous!
- 10. Concentrons-nous sur les sujets majeurs pour faire de la fatigue quelque chose de fécond.
- 11. La fatigue est synonyme d’ancien modèle. Changeons de modèle, si nous voulons garder de l’énergie pour transformer le monde.
- 12. Faisons de notre fatigue l’occasion d’une prise de conscience, une opportunité pour penser l’autre différemment, et non comme une période d’injustice et de repli sur soi.
- 13. Tirons les leçons de l’expérience, la réponse à une “fatigue éthique” est de laisser les acteurs de terrain à la manœuvre et force de proposition.