Et si on devait s'habituer a travailler dans un monde incertain ?
On évoque beaucoup en ce début d'année le concept de la Grande Démission" aux États-Unis.
A l'occasion d'une prise de parole organisée par le Collectif Performance Inclusive, j'ai eu l'occasion de développer notre vision des conséquences de cette pérennisation de l'incertitude en terme de management.
En préambule, nous ne savons pas si ce phénomène de "Grande Démission" se développe en France mais il nous a inspiré deux remarques :
- Qu’il y ait une tentation de Venise c’est certain la période est difficile et pour les cadres, la possibilité de vivre autrement est une opportunité qui est considérée.
- Que notre système au sens large et chacun d’entre nous d’un point de vue particulier ait beaucoup de mal à s’adapter à cette nouvelle situation est une réalité.
Ce que l’on voit poindre à l’horizon, dans le cadre de cette cinquième vague et de ce que l’on comprend du variant sud-africain, laisse à penser que l’incertitude dans laquelle on se trouve va se pérenniser.
Une communication de juin 2021 du Journal of the American Medical Association, proposait 4 scénarii en matière d’issue possible à cette crise:
- le premier tablait sur le fait qu’ on trouverait un vaccin définitif
- le deuxième étant que le vaccin serait efficace à pouvoir prendre en charge les mutations du virus
- Le quatrième étant que L’Humanité va disparaître, on va laisser ça de côté pour l’instant,
- et le troisième , c'est notre hypothèse de travail , était qu’il faudrait s’habituer à une cohabitation durable avec le virus ses évolutions et ses conséquences.
Chez Changers, nous voyons au quotidien dans nos accompagnement d’équipes de direction et de managers, trois conséquences directes à cette pérennisation de l’incertitude :
- La première c’est un état de fatigue collective (qui à ce propos a été très bien décrit dans le dernier baromètre de la Fondation Jean Jaurès), très clairement la crise du Covid a chassé les derniers temps mort qu’il nous restait et surtout nous percevons le caractère collectif de cette fatigue : nous sommes tous fatigués et nous échangeons sur ce point, ce qui tend à renforcer la conviction.
- La seconde conséquence est l’absence de projection : on ne peut rien prévoir alors même que l’on a été éduqué à prévoir, alors même et tout particulièrement dans le cadre des entreprises, que la stratégie était fondée sur la prévision, la confiance etant accordée à la stratégie. Mais nous nous apercevons que le monde n’est pas une mécanique et c’est très difficile à vivre.
- La troisième est l’impact de cette incertitude sur le niveau managérial : en effet les managers doivent tout à la fois gérer la fatigue collective et répondre aux injonctions de prévisions et de projection pour assurer les hommes et l’organisation.
La bonne nouvelle c’est qu’on s’aperçoit aussi que sans disposer de solution spécifique au Covid, il y a quand même des pistes de réponses pour les entreprises ou gràce leur souplesse et leur proximité avec chacun d'entre nous peuvent jouer un rôle clé.
Ces pistes de réponses convergent toutes vers une recréation du collectif pour y faire face :
- un collectif pour se sentir moins seul
- un collectif pour partager ses questionnements
- un collectif parce qu’il nous amène à penser l’autre différemment
- un collectif parce qu’il nous permet de construire ensemble une suite que l’on ne voit peut-être pas de manière individuelle
- et enfin un collectif qui doit nous permettre également de ce focus est sur les sujets prioritaires, ne plus perdre de temps sur l’accessoire, pour se défatiguer.
Il va donc falloir s’habituer à ce que le réel incertain d’aujourd’hui devienne la nouvelle normalité, on va dans pouvoir être à l’aise à agir dans la certitude.
Pour terminer, une citation de Paul Valéry à propos de l’enseignement -mais qui s'applique tellement à notre situation actuelle- qui disait :
« Faire de vous des hommes prêt à affronter ce qui n’a jamais été ».